Nucléaire. Orano La Hague : « Avec la piscine d’EDF, on parle d’une durée de vie de 100 ans »

Rédigé le 27/06/2022


Pascal Aubret, directeur de l’usine Orano La Hague (Manche), est revenu sur le projet de piscine porté par EDF, à l'occasion d'échanges organisés ce 20 juin 2022 à Saint-Lô.

La concertation préalable sur le projet de réalisation d’une piscine d’entreposage de combustibles nucléaires usés à La Hague (Manche) a repris, ce lundi 20 juin 2022, à Saint-Lô. C’est le jour qu’a choisi Pascal Aubret, directeur du site d’Orano La Hague, pour prendre la parole.

Une occasion pour lui de réaffirmer l’intérêt du recyclage des déchets nucléaires. 

« L’installation d’une piscine, c’est dans la perspective de recycler. L’important pour moi, c’est de rappeler que c’est maintenant qu’il faut prévoir le recyclage et le devenir d’Orano, au-delà de 2040. »

Pascal Aubret

Cette date marque la fin d’un contrat-cadre qui lie EDF et Orano dans le domaine du traitement et du recyclage. « Forcément, quand on est dans les années 2000, 2040, cela paraît loin. En 2022, c’est autre chose… On sait que le nucléaire est une activité qui demande une grande anticipation. »

La réduction de la toxicité des déchets

Le directeur a listé les aménagements en cours et à venir dans l’usine, afin de pérenniser son activité pour les prochaines décennies. De nouvelles capacités d’évaporation vont être mises en place, dès la fin 2022 ou le début 2023 pour la première partie.

« Ces nouvelles installations seront opérationnelles jusqu’en 2060. »

Pascal Aubret

L’avenir, selon Pascal Aubret, se dessine autour du multirecyclage, c’est-à-dire la réutilisation du combustible MOX usé afin d’alimenter les réacteurs nucléaires.

« Notre service de recherche et développement travaille pour procéder à un 2e ou même 3e recyclage. Les premiers assemblages sur lesquels nous travaillons seront mis en réacteur entre 2025 et 2028. Aujourd’hui c’est du concret, c’est planifié. »

Pascal Aubret

D’autres études en cours portent, par exemple, sur la réduction de la toxicité des déchets. Un axe d’amélioration parmi plusieurs autres.

10 %

En France, une ampoule sur dix fonctionne grâce à des matières nucléaires recyclées. Dans les années qui viennent, Orano espère porter ce chiffre à 25 % avec le recyclage de l’uranium.

La concertation autour de l’installation de cette nouvelle piscine suscite de vives réactions depuis plusieurs mois dans le Cotentin. Le collectif « Piscine nucléaire stop », qui a choisi de ne plus assister aux dernières réunions en signe de contestation, multiplie les actions pour dénoncer le projet. Dernière en date : une manifestation à Cherbourg, le 18 juin, a réuni plus de 800 personnes.

Les habitants déplorent l’accumulation de sites nucléaires dans le Nord Cotentin, mais aussi la méthode de la concertation.

« Voir la piscine dans un système complet de recyclage »

« Avec la piscine d’EDF, on parle d’une durée de vie de 100 ans. On rentre dans cette période où il est temps de se poser des questions, à plusieurs niveaux, répond Pascal Aubret. Je n’imagine pas qu’on souhaite arrêter le recyclage ou les économies de ressources. Cela fait 55 ans que nous travaillons en ce sens. Nous allons continuer à recycler, et nous cherchons à nous améliorer. Il y a des choses qui vont arriver et il faut voir la piscine dans un système complet de recyclage », argumente Pascal Aubret, avant d’ajouter : 

« Face au défi climatique, il est important de rappeler que l’énergie nucléaire a un faible impact en CO2. C’est aussi une ressource que nous avons ici, en France, avec un entreposage chez nous. Cela joue un rôle dans notre indépendance énergétique. »

 

Ce lundi soir, les échanges autour du projet de piscine ont repris à Saint-Lô, après une suspension de quatre mois. Le mardi 28 juin, c’est à Cherbourg que les citoyens seront invités à échanger à ce propos, avant la restitution, le 6 juillet.