Sa nomination validée par les parlementaires, l'actuel directeur des activités internationales de Schneider Electric va succéder à Jean-Bernard Lévy à la tête d'EDF courant novembre. Luc Rémont présentera « sa » feuille de route au printemps prochain.
C'est un oui timide mais un oui tout de même. Mercredi, les commissions des affaires économiques du Sénat et de l'Assemblée nationale ont validé (à 58 voix pour et 48 voix contre) la nomination deLuc Rémont, l'actuel responsable des activités internationales de Schneider Electric, à la tête d'EDF.
Proposé par Emmanuel Macron pour succéder à Jean-Bernard Lévy, ce dernier devrait prendre ses fonctions courant novembre au sein de l'entreprise publique, une fois sa nomination entérinée par le conseil d'administration d'EDF et par le conseil des ministres.
Compte tenu de la composition du Parlement, le grand oral de Luc Rémont devant les députés et les sénateurs n'avait rien d'une formalité. Un vote favorable de ces deux commissions était indispensable pour voir sa nomination validée. Or, comme l'a montré la teneur des échanges avec certains parlementaires mercredi, c'est un climat de défiance qui domine vis-à-vis du nouveau PDG d'EDF.
Une vision qui se décline en trois piliers
Accusé tour à tour d'être « l'homme de l'Elysée », d'avoir participé « en tant que banquier d'affaires » à la « vente à la découpe » d'Alstom, à la « privatisation d'EDF » et à son entrée en Bourse et également suspecté de travailler en coulisses pour remettre sur le devant de la scène le projet « Hercule » ou le « démantèlement » du groupe EDF, Luc Rémont a tenté de rassurer.
Ses lunettes en écailles au bout du nez, ce dernier a insisté : « Je ne suis l'homme de personne, je veux être l'homme d'une mission. Je ne viens pas pour mettre en oeuvre un projet préétabli. Le projet d'EDF, c'est à EDF de le définir et de le proposer à son actionnaire. Ma seule feuille de route, c'est de faire réussir EDF ». Après « un travail en profondeur avec les équipes », il précise qu'il présentera « sa » feuille de route au printemps prochain.
Interrogé longuement sur sa vision d'EDF pour l'avenir, il a écarté tout projet qui consisterait à recroqueviller le groupe sur le nucléaire et sur la France exclusivement. « Ma vision se décline en trois piliers : une production d'électricité diversifiée, avec du nucléaire, de l'hydraulique et des énergies renouvelables, une relation avec les clients et un développement des réseaux de distribution. Enedis est un élément essentiel de la transition énergétique », a-t-il indiqué, tentant de rassurer les élus qui ces dernières années se sont largement opposés au projet d'évolution du capital de la structure censée détenir Enedis dans la réforme « Hercule ».
« EDF sera pertinent dans les énergies renouvelables en restant un acteur mondial », a-t-il aussi affirmé, tordant le cou à l'idée que la fragilité financière du groupe implique la cession de nombreux actifs aujourd'hui considérés comme stratégiques.
Une relation de confiance avec l'Etat
Sera-t-il à la hauteur pour tenir tête à l'Elysée et gagner les bras de fer avec l'exécutif ? A cette question des députés, Luc Rémont a rétorqué que là n'était pas la question. « Je souhaite bâtir une relation de confiance avec les pouvoirs publics. EDF ne peut réussir à servir le pays qu'avec une relation de confiance », affirme-t-il. Autrement dit, fini l'image de guerre ouverte entre la direction d'EDF et son actionnaire.
Luc Rémont l'assure, il veut mettre un terme à la crise qui frappe la production nucléaire, le plus tôt possible. « Dès les premières heures de mon mandat, je me consacrerai à tenir les engagements pour reprendre la production d'électricité, dans le calendrier annoncé, pour les réacteurs à l'arrêt ». « Nous sommes dans un contexte de crise, un contexte d'urgence avec une conjoncture chaotique et des chantiers titanesques, […] vous allez être un capitaine en pleine tempête » , résume la présidente de la commission des affaires économiques Sophie Primas (LR).
Source : Les Echos par Sharon Wajsbrot